Pierre Joseph
Fondation Vincent van Gogh Arles
Vernissage
07.09.2018 18h — 23h
Exposition
08.09 — 07.10.2018
Commissariat : Arthur Fouray
Pierre Joseph (né en 1965 à Caen, vit et travaille à Paris) raconte à DOC une histoire simple. L’exposition Fondation Vincent van Gogh Arles se place dans le sillon des scènes de vie rurale peintes au XIXème siècle par Vincent van Gogh et Jean-Francois Millet. Après l’exposition Hypernormandie à La Galerie Noisy-le-Sec en 2016, l’artiste explore la suite presque science-fictionnelle du travail des impressionnistes.
Il parasite les mots-clefs, les étiquettes, brouillant tout en clarifiant les pistes de son exposition personnelle. Il joue avec les codes d’une société technologique hiérarchisée aux mythologies normatives, obsédée par un idéal organique, naturel. Il s’est notamment penché sur l’exposition La Vie Simple – Simplement la vie / Songs of Alienation par Bice Curiger et Julia Marchand à la Fondation Vincent van Gogh Arles en 2018. La Vie Simple cherche à décrypter la relation des artistes avec un mode de vie en harmonie avec la nature. Déplacement d’un contexte réel à une exposition temporaire, Fondation Vincent van Gogh Arles donne le ton.
Sommes-nous rue du Docteur Fanton ou rue du Docteur Potain ? Ce glissement de mot–clef, ici glissement de terrain nous amène dans un champs de patates. Un champs de patates version XXIème siècle. Stockage, étalage industriel de pommes de terres, Fondation Vincent Van Gogh Arles nous porte dans une allée de Rungis. Cette présentation, pratiquement communiste dans la constance volontaire des photographies et de leur sujet, pose l’idée d’une pomme de terre, simple, dénuée ou plutôt épluchée de tout qualificatifs. Quelques germes ça et là et le ton rosé de leur pellicule ponctuent parfois la terre séchée qui les enrobe. Dans ce cosmos de patates, les détails infimes sont tant de points d’accroches pour revenir à et appuyer une vérité simple : ce sont des patates.
Comment épurer le propos de toute problématique politique, sociale, idéologique, historique, pour arriver à exprimer le plus modestement l’objet « patate » ? Pierre Joseph creuse la perspective d’une pomme de terre simple. (Re)Trouver l’attitude directe et triviale que pouvaient avoir les peintres XIXème en peignant paysans, champs, repas, natures mortes. Avec un tel surplus d’information actuel, la tâche n’est pas si simple, justement. Il suffit de chercher les hashtags « #patate », « #pommesdeterre » (et toutes leurs variantes, y compris en espéranto) sur les réseaux sociaux ou moteurs de recherches pour se rendre compte de la richesse et de la diversité du vocabulaire visuel du féculent. L’exposition par ailleurs se construit avec et grâce à la pomme de terre. De la fécule qui fixe l’image sur pellicule à la colle d’amidon qui lie les quarante-cinq « photographies sans fin » au mur de DOC. Il s’agit d’y restreindre le vocabulaire afin de discerner des catégories précises, des intentions claires.
La pomme de terre, la sérialité, le décalage contextuel. Tous ces composants se mélangent et naturellement constituent l’expérience de l’exposition dans un cadre spatio-temporel étendu. Aujourd’hui ou dans 10 ans, ici ou ailleurs, Pierre Joseph nous présente un écosystème vivant qui s’est développé depuis la naissance du projet, qui s’exprime pendant le temps de l’exposition, et qui s’altérera demain, avec le temps.
Arthur Fouray
L’exposition est réalisée avec le soutien d’Air de Paris.
Une programmation de DOC Exposition
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Jean–François Millet : Pop down up
Jean–François Millet rentre dans l’arène de l’Histoire par de multiples entrées. Il y a, celle, vénérable de Vincent van Gogh qui lui voue un culte fraternel, voire paternel. Dans cette filiation complète et surprenante, qui assume le choix de la couleur dans la « traduction » que nous en donne le peintre néerlandais, se loge « un regard XIXème » . Celui–ci se concentre sur l’image qui s’industrialise et se colorise sous les yeux avares de nouveaux collectionneurs et amateurs, parmi lesquels règne le duo Van Gogh – Vincent et Théo. Le dernier est chevillé à l’un des organes vitaux derrière la nouvelle culture des images qui s’installe progressivement dans la seconde moitié du XIXème siècle. La maison Goupil, comme d’autres, abreuve ses fervents de petites reproductions photographiques et de luxueuses gravures imprimées en couleur. Reproductions, illustrations, originaux défilent sous les yeux et entre les doigts de notre cher Vincent, qui, alors en devenir–artiste, décide d’aiguiser son regard dans le poumon de la fabrication d’images. Depuis Londres en 1874, il écrit et répond à l’engouement qui entoure, notamment, L’Angélus (1857–1859). Victime heureuse, lui aussi, de « la migration de son aura », Van Gogh éprouve l’œuvre par ses nombreuses reproductions qui se plient aux nouveaux usages du cœur des nouveaux collectionneurs. Une image pour chacun, voir pour tous que l’on se plait à libérer des portfolios pour qu’elle épouse les parois des salons. Sur un simple carton, entre deux verres, ou tout simplement punaisée, la reproduction exhibe ses nouvelles attributions et raconte la gloire des procédés photomécaniques. Ces accrochages populaires sont annonciateurs d’une sensibilité et d’une fièvre « pop » qui culmine, sous des cieux plus avares encore, un siècle plus tard, dans le monde anglo–saxon. Ce monde de l’image en ébullition forge ce « regard XIXème » qu’embrasse l’homme aisé des campagnes, le peintre–paysan, natif de Gruchy et pilier de l’École de Barbizon.
Jean–François Millet est un homme de son temps, habile dans la manipulation de pré–logiciels et de ficelles. À sa manière, il s’engage dans la célébrité diffusable, par le biais, entre autres, d’une carte postale. Dès 1863, il autorise la reproduction et la diffusion de L’homme à la houe, et module la palette de ses toiles à partir de leurs reproductions photographiques. Le dérivé dicte l’original dans ce jeu de vente par correspondance. L’image se doit d’être séduisante dès le premier coup d’œil, affichant un contraste assumé et un jeu de silhouette vaillant pour celui qui guette, depuis les États–Unis les nouvelles œuvres à acheter sur le territoire français. Millet est connu des américains. Son frère y réside et lui assure une tribune constante par le biais de ces photographies pré–vente. L’homme des champs est un homme de son temps, de ses attentes, et de ses préventes, voire même, de ses turbulences qui l’entraineront dans les courants mouvementés des petites et de la grande Histoire. Le « peintre des paysans » a égaré quelques ficelles.
Ses gestes du labeur en plein air dressent le parfait écran d’incrustation pour ceux qui aiment y voir la nostalgie d’une France rurale au lendemain de la défaite de la guerre de 1870 ; une humilité parfois teintée d’arrogance dans l’attitude des paysans, voire même le parfait opposé : un petit peuple politiquement instable. Face à ce catalogue de fantasmes, Millet revendique une œuvre non politique qui traite la classe paysanne avec réalisme et bienveillance. Ce « regard XIXème » est couplé d’un « regard indigène » qui représente la ruralité depuis l’intérieur : un des pionniers du « rural informant ». Or, l’une de ses plus célèbres toiles – L’Angélus – quitte la France avec fracas suite à une trop grande distorsion d’opinions devenue publique lors de sa vente le 1er juillet 1889. Pétri de différents désirs face à cette œuvre mystérieuse, le gouvernement ne parvient pas à trouver un consensus pour garder la toile sur son sol. L’Angélus partira outre–Atlantique entraînant un sentiment de perte nationale et une humiliation partagée qui retentira jusque dans l’assiette. L’image revient à la charge, souscrite en guise de soin palliatif : éditées et diffusées en grand nombre, des gravures vont être dispersées sur tout le territoire français complétant le panel d’illustrations qui circulent, déjà, entre les doigts de notre cher Vincent. La « migration de l’aura » contribue à sécher les larmes nationales le temps que les deux paysans, le clocher et leur maigre récolte reprennent la route du Louvre en 1909. Son mythe en est–il pour autant tragique ? Il est, pour le moins, caustique, mécanique et résolument moderne, abondant et pré–pop.
Julia Marchand
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Traité amoureux de la pomme de terre
Nos premiers émois culinaires, c’était avec toi. T’en souviens–tu ? Petits, nous te dévorions en purée le dimanche midi. Tu te prénommais Amandine et une fois dans notre assiette, nous venions creuser un puits en ton centre pour y verser le jus de notre rôti.
Quelques années plus tard, lorsque nous avions l’âge de te sauter, tu prenais le nom de Charlotte. Heureusement pour nous, à l’heure de nos premiers ébats, en 2011, tu perdais ta licence et devenais libre. Finies les traites versées aux grands de ce monde. Tu venais d’avoir trente ans et pouvais enfin jouir d’un petit peu de tranquillité. Désormais tu es libre d’étreindre n’importe quel paysan. Pourvu qu’il te traite avec tendresse.
C’est en avril que tu découvres ses caresses avant qu’il ne t’enfouisse sous un douillet lit de terre. Souvent, tu y restes terrée durant plus de quatre mois. Parfois précoce, tu nous donnes en juin la primeur de savourer ta chair. Tes vêtements sont alors si légers qu’il suffit de t’effleurer pour te déshabiller. Et te cuisiner est un jeu d’enfants.
Puis vient la fin de l’été, tu as la peau durcie par le soleil et les jours sans pluie. Alors, il est plus difficile de t’attraper. Il faut creuser, y revenir parfois à trois fois avant de pouvoir t’étreindre de nouveau. Tu es pourtant moins fine qu’avant. Tes hanches sont plus chaloupées.
Dans quelques mois déjà, le temps de la beauté sera oublié. Ta peau sera ridée. Tu commenceras à sortir tes griffes, prête à partir. Tu te prépares au grand voyage celui qui te permettra de retrouver l’amour de ta vie, la terre. Celle qui vit, respire et nous alimente tous.
Nous nous sommes habitués à cette fugacité. Nous ne nous quittons pas fâchés car tu ne nous laisses jamais seuls.
Tes sœurs sont là pour nous réconforter. Elles aussi sont libres et nous aurons tout le loisir de les chérir. Anaïs, Bernadette, Blanche, Désiré… Pourquoi croquer tous les jours la même quand la nature est si riche ?
Par Norbert Nicolet (maraîcher, La Ferme ô VR, Annoville) et Jill Cousin (journaliste gastronomique), amoureux et amoureux de toutes les pommes de terre : blanche, rose, violette, à réduire en purée, à choyer durant des heures en cocotte ou à balancer dans l’huile chaude… Qu’importe pourvu qu’elles ne soient plus aux prises des grandes coopératives maraîchères et que l’on puisse en manger autant qu’on le souhaite.
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Pierre Joseph
Né en 1965 à Caen.
Vit et travaille à Paris.
Le travail de Pierre Joseph se déploie depuis la fin des années 80 sur les questions de présences. Il amorce sa pratique par des propositions collectives avec Philippe Perrin, Dominique Gonzalez– Foerster, Philippe Parreno et Bernard Joisten mais aussi par l’exposition désormais historique Les Ateliers du Paradise, première exposition d’Air de Paris à Nice en 1990. Au début des années 90, il commence sa série de personnages à réactiver, personnages issus des mythologies contemporaines (par exemple : Superman, Blanche Neige, un policier ou Pris Stratton de Blade Runner). Ils sont présents pendant le vernissage de l’exposition puis réactivables avec l’aide d’une photographie de documentation.
Il se focalise après un voyage de 3 mois au Japon en 1997 sur l’apprentissage, puis il s’intéresse à la disparition dans les années 2000. Plus récemment, il mélange les mots–clefs et superpose les couches de contenu. Pour sa dernière exposition personnelle à Air de Paris en janvier 2018, il produit des photographies proches des aquarelles du botaniste Pierre–Joseph Redouté. Il amalgame ainsi les hashtags liés à leurs deux pratiques visuelles.
Pierre Joseph a eu de nombreuses expositions en Europe et à l’étranger. Ses œuvres sont présentes dans les collections du Centre Pompidou, du Nouveau Musée National de Monaco et du Van Abbe Museum notamment, et dans de nombreuses collections privées. Elles ont été récemment exposées au Consortium, au MAC/VAL, à la Biennale de Dallas, au Centre Pompidou Metz, à la Fondation d’Entreprise Ricard, à LUMA Westbau et au Swiss Institute.
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Fondation Vincent van Gogh Arles
35 ter, rue du Docteur Fanton
13200 Arles, France
La Fondation propose une approche unique de Vincent van Gogh en explorant la résonance de son œuvre et de sa pensée avec la production artistique internationale actuelle sous la forme d’expositions temporaires. Grâce aux partenariats établis avec des collections publiques et privées, la Fondation présente toute l’année une ou plusieurs toiles de Van Gogh en regard d’œuvres d’artistes contemporains — tels Roni Horn, Urs Fischer, Glenn Brown, David Hockney, entre autres.
C’est à Arles, où Vincent atteint l’apogée de son art lors de son séjour entre février 1888 et mai 1889, que Yolande Clergue convie dès 1983 des créateurs contemporains à rendre hommage au peintre à travers une œuvre. Grâce au mécène Luc Hoffmann, une fondation reconnue d’utilité publique est créée en 2010. La municipalité met à disposition l’hôtel Léautaud–de–Donines, demeure prestigieuse du XVe siècle qui, réaménagée par l’agence d’architecture Fluor, offre depuis 2014 plus de 1 000 m2 d’exposition. Le parti pris résolument contemporain est confirmé par l’intégration au bâtiment de deux œuvres permanentes de Raphael Hefti et Bertrand Lavier.
La Fondation exauce ainsi le vœu de l’un des peintres les plus célèbres au monde de créer, à Arles, un lieu de réflexion, de production artistique et de dialogue fertile entre créateurs.
« […] comme tu le sais bien, j’aime tant Arles […] »
Lettre de Vincent à Theo (18 février 1889).
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DOC
26, rue du Docteur Potain
75019 Paris, France
Né du regroupement d’artistes en quête d’un lieu de travail, DOC est une association à but non lucratif soumise à la loi 1901. DOC est un moyen de partager des idées, connaissances et savoir–faire artistiques dans le cadre d’un projet de diffusion et de valorisation de la création contemporaine.
Situé au 26, rue du Docteur Potain dans le XIXème arrondissement de Paris, l’association permet à des artistes et artisans jeunes ou confirmés de trouver un espace de travail et de partage dans un contexte où l’offre d’ateliers à Paris ne répond pas à la demande. DOC participe activement à la vie et à la dynamique du quartier.
L’association réunit une soixantaine de personnes. Chaque membre du collectif participe selon ses compétences à la rénovation des locaux, à la mise en place d’ateliers de production, à la documentation des actions accomplies et aux différentes activités du lieu.
Expérience avant tout humaine, la mutualisation des ressources économiques et techniques, ainsi que le partage des connaissances entre les membres de l’association a permis la construction d’un projet autosuffisant et indépendant qui réunit une équipe forte, portée par son engagement au projet.
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Pierre Joseph
Fondation Vincent van Gogh Arles
EN
Opening
07.09.2018 6pm — 11pm
Exhibition
08.09 — 07.10.2018
Curated by: Arthur Fouray
Pierre Joseph (born in Caen, 1965, lives and works in Paris) tells at DOC a simple story. The exhibition Fondation Vincent van Gogh Arles follows the lineage of rural scenes painted during the XIXth century by Vincent van Gogh and Jean-Francois Millet. After his show Hypernormandie at La Galerie Noisy-le-Sec, he virtually explores a science-fiction sequel of the impressionists’ works
He parasitizes keywords, hashtags, bluring yet clarifying the possible leads of his solo show. Pierre Joseph plays with the codes of normative mythologies, of a technological society obsessed by an organic & natural ideal. He was triggered by the exhibition La Vie Simple – Simplement la vie / Songs of Alienation by Bice Curiger and Julia Marchand at Fondation Vincent van Gogh Arles in 2018. La Vie Simple sought to decipher the relationship of artists in keeping with a natural way of life. Displacement of a real context to a temporary exhibition, Fondation Vincent van Gogh Arles sets the tone
Are we “Rue du Docteur Fanton” or “rue du Docteur Potain” ? This keyword slide, here a landslide brings us to a potato field. A XXIst century potatoe field. Storage, industrial potatoes display, Fondation Vincent Van Gogh Arles takes us to a « Rungis »(International Market) aisle. Almost communist in the constancy of the photographs and their subjects, this presentation lays the idea of a potato, simple, naked, peeled of any qualifier. Some germs and the pinkish tone of their film punctuate the dried dirt surrounding potatoes. The tiny details are as many focal points inside this potatoes cosmos to highlight a simple truth: potatoes.
How to disconnect the subject from any political, social, ideological, historical issue, in order to convey the “potato” object in the most modest fashion ? Pierre Joseph digs the perspective of a simple potato. He looks for the direct and trivial attitude of XIXth century painters when they painted peasants, fields, meals, still lives. Today, with this accelerated information overflow, the task is, precisely not so simple. Just search for hashtags “#potatoes”, “#spuds” (and their variations, including Esperanto) on social networks or search engines to understand the abundance and diversity of the starchy crop vocabulary. The exhibition is built with and thanks to the potato. From the starch that fixes the image on film to the starchy paste that links the forty-five “endless photographs” to DOC’s wall. Pierre Joseph restricts the vocabulary in order to discern specific categories, clear intentions.
The potato, the seriality, the contextual shift. All these components blend together and genuinely generate the experience of the exhibition in an extended space–time setting. Today or in 10 years, here or somewhere else, Pierre Joseph presents us a living ecosystem that has developed since the start of the project, that is expressed during the time of the exhibition and that will be altered tomorrow.
Arthur Fouray
The exhibition is supported by Air de Paris.
A program by DOC Exposition
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Jean–François Millet : Pop down up
Jean–François Millet accesses history’s arena by many entries. The most famous comes from Vincent van Gogh, who devotes a fraternal, even paternal worship to Millet. In this complete and surprising lineage, a “nineteenth–century look” appears in the colour “translation” from the Dutch painter. This look is focused on images, which start being industrialised and coloured in front of the stingy eyes of newcomers, collectors and connoisseurs, among which reigns the Van Gogh pair – Vincent and Théo. The last is pegged to one of the vital parts behind the new pictures’ culture which gradually settles during the second half of the XIXth century. The Goupil House, as others, feeds its enthusiasts with photographic copies and luxurious coloured engravings. Reproductions, drawings, originals, they parade between fingers of our dear Vincent, soon aspiring artist, who decides then to refine his eyes at the heart of image making. From London in 1874, he writes and answers to the passion surrounding L’Angélus (1857–1859). Also a pleased victim of “Aura’s migration”, Van Gogh experiences the masterpiece through the many reproductions that conform to the new uses of fresh collectors. A picture for each and for all those who love to free images from portfolios to spread them across salon’s walls. On a simple card, between two glasses, or simply pinned, the reproduction shows off its new powers and narrates the glory of photomechanical processes. These popular hangings foretell a “pop” sensibility and fever that culminates, a century later, in the Anglo–Saxon’s world. This boiling world of images moulds a “nineteenth–century look” that welcomes the countryside’s wealthy man, the peasant–painter, Gruchy’s native and School of Barbizon’s regular.
Jean–François Millet is a man of his time, skilled at handling pre–programs and tricks. In his own way, he engages in media celebrity, through, among others, a postcard. From 1863, he authorises the reproduction and diffusion of L’homme à la houe and modulates the palette of his paintings with the help of their photographic copies. The by–product dictates the original in this mail orders’ game. The image has to be seductive at first glance. The new works available to purchase from the French territory display an assumed contrast and a silhouette’s play for the one observing from the United States. Millet is known to Americans. His brother lives there and generates fort him an ongoing platform thanks to pre–sale photographs. The man from the fields is a man of his time, of its expectations, and of its pre–sales, even of its turmoils which would drag him to the hectic flows of small and major History. The “peasant’s painter” lost some strings.
His outdoors work gestures put up the perfect green screen for those who like to see a rural France nostalgia in the wake of France’s defeat in 1870 – a lowliness sometimes tinted with arrogance in the peasant’s demeanors, or even the exact reverse : a politically unstable small nation. Towards this catalog of fantasies, Millet claims a non–political work that treats the peasant’s class with realism and kindness. The “nineteenth–century look” is paired with a “native look” that depict rurality from within : a pioneer of the “rural informing”. One of his most famous painting – L’Angélus – vacates France with great fanfare due to an important opinion warp going public during the sale on July 1st, 1889. Kneaded from different wishes against the mysterious painting, the government cannot find an agreement to keep the artwork on its land. L’Angélus leaves to the other side of the Atlantic, leading to a national loss feeling and shared humiliation. The picture returns as a palliative care : edited and distributed in large numbers, prints are scattered throughout the French territory, complementing the illustrations’ panel already circulating between fingers of our dear Vincent. “Migration’s Aura” helps to dry the national tears while the two peasants, the bell tower and their small harvest move on to the Louvre in 1909. Does it makes its myth tragic ? It is, at the very least, caustic, mechanical and resolutely modern, abundant and pre–pop.
Julia Marchand
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Potatoes Love treaty
Our first culinary emotions, I was with you. Do you remember?
Small, we ate you mashed on Sunday afternoons. You were called Amandine and once in our plates, we dug a well in your center to pour our roastbeef juice.
A few years later, when we were old enough to grill you, you took the name of Charlotte. Fortunately for us, at the time of our first frolics, in 2011, you lost your license and became free. No more drafts paid to the great of this world. You just turned thirty and could finally enjoy a little peace. From now on you are free to embrace any peasant. As long as he treats you with tenderness.
In April, you discover his cuddles before he buries you under a cozy bed of earth. Often, you stay there for more than four months. At times early, in June you give us the honour to savor your flesh. Your clothes are so light that we just need to brush you to undress you. And cooking you is a child’s play.
Then comes the end of summer, your skin is hardened by the sun and the days with no rain. Then, it’s harder to catch you. We need to dig, sometimes go back to you three times before we can embrace you again. Yet you are less delicate than you were before. Your hips are more skewed.
Already in a few months, the time of your beauty will be forgotten. Your skin will be wrinkled. You’ll start pulling out your claws, ready to leave. You are prepared for the great journey that will allow you to find the love of your life, the soil. The one which lives, breathes and feeds us all.
We got used to this transcience. We do not split up mad because you never leave us alone.
Your sisters are here to comfort us. They too are free and we will have the entertainment to cherish them. Anaïs, Bernadette, Idaho, Désiree… Why eat every day the same when nature is so rich ?
By Norbert Nicolet (grower, La Ferme o VR, Annoville) and Jill Cousin (gastronomic journalist), in love with each other and in love with all potatoes: white, pink, violet, to puree, to pamper for hours in a saucepan or to swing in hot oil … It doesn’t matter as long as they are no longer struggling with large vegetable cooperatives and that we can eat some as much as we desire.
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Pierre Joseph
Born in 1965, Caen.
Lives & works in Paris.
Since the mid 80s, Pierre Joseph’s work expands on issues of presence. He initiates his artist’s practice by collective proposals with Philippe Perrin, Dominique Gonzalez–Foerster, Philippe Parreno and Bernard Joisten. He starts being known with Les Ateliers du Paradise, the historic first exhibition held at Air de Paris, Nice in 1990. During the early 90s, he starts his « characters to reactivate » series. These characters are inspired by mainstream contemporary mythologies (for example : Superman, Snow White, a policeman or Pris Stratton from Blade Runner). They are active during the exhibition opening. Then they can then be reactivated with the help of a documentation photography.
After a 3 month trip to Japan, he focuses on learning practices. During the 2000s he takes an active interest in disappearance processes. Recently, he mixes keywords and superimposes layers of content. His latest solo exhibition at Air de Paris in January 2018 mimics with photography watercolors by the botanist Pierre–Joseph Redouté. Pierre Joseph thus blends the hashtags related to their two visual works.
Pierre Joseph has exhibited extensively in Europe and internationally. His work is in collections that include Centre Pompidou, Nouveau Musée National de Monaco and Van Abbe Museum as well as private collections. Recent exhibitions include Le Consortium, MAC/VAL, Dallas Biennial, Centre Pompidou Metz, Fondation d’Entreprise Ricard, LUMA Westbau and the Swiss Institute.
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Fondation Vincent van Gogh Arles
35 ter, rue du Docteur Fanton
13200 Arles, France
The Fondation offers a unique approach to Vincent van Gogh, namely by exploring, through the medium of temporary exhibitions, the resonance of his art and thinking with international artistic production today.Thanks to partnerships established with public and private collections, the Fondation presents one or more original canvases by Vincent van Gogh all year round, in company with a changing selection of works by contemporary artists such as Roni Horn, Urs Fischer, Glenn Brown, David Hockney, among others.
It was in Arles, where Vincent lived and worked from February 1888 to May 1889, that his art reached its pinnacle. As from 1983, with the centenary of this stay in mind,Yolande Clergue invited contemporary artists to present a work in homage to Van Gogh. Thanks to patron Luc Hoffmann, in 2010 the Fondation Vincent van Gogh Arles was created as a public utility foundation. The City of Arles placed at its disposal the hôtel Léautaud–de–Donines, a prestigious residence dating back to the 15th century. Renovated and transformed by the architectural agency Fluor, the building was inaugurated in 2014 and offers over 1000 m2 of exhibition space. The Fondation’s resolutely contemporary bias is underscored by the integration within the museum complex of two permanent artworks by Raphael Hefti and Bertrand Lavier.
The Fondation fulfils the wish, cherished by one of the world’s most famous painters, to create in Arles a place of reflection, fertile production and stimulating dialogue between artists.
“[…] then, as you well know, I love Arles so much […]”
Letter from Vincent to Theo (18 February 1889).
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DOC
26, rue du Docteur Potain
75019 Paris, France
DOC is a not–for–profit organization. DOC fosters the sharing of artistic ideas, knowledge, and techniques with an aim to promoting and spreading contemporary creation.
Located 26 rue du docteur Potain in the XIXth arrondissement of Paris, the place allows both young and experienced artists as well as artisans to find a space to work and share their ideas in a context where the demand for workshops in Paris far exceeds the offer. As such, DOC actively participates in the life and dynamics of the neighbourhood.
The organization counts 60 members. Using their individual skills, each member participates in the renovation of the building, the setting up of production workshops, documentation of the actions taken, and in the various activities of the place.
The pooling of economic and technical resources, as well as the sharing of knowledge among the members of the organization, have enabled the creation of a self–sufficient and independent project bringing together a strong team driven by commitment and human values.