Dernière séance de la saison, suivie d’un DJ-set
Dress-code : orgie romaine
Le Satyricon (Fellini, 1969)
« Rome, before Christ, after Fellini ».
Fellini adapte Pétrone. Le film, rythmé par les mélismes extatiques de Nino Rota, inonde l’écran d’une folie onirique pour fantasmer la décadence de l’antiquité et son ivresse collective. La débauche sexuelle des personnages du roman explose outrageusement sous l’œil baroque du réalisateur. Dans cette fièvre ascendante vers le grotesque ne demeure qu’un rêve du monde antique.
« J’avais relu Pétrone et j’avais été fort séduit par un détail que je n’avais pas su remarquer auparavant : les parties qui manquent, donc l’obscurité entre un épisode et l’autre. […] Cette histoire de fragments me fascinait pour de bon. […] Le livre me fait penser aux colonnes, aux têtes, aux yeux qui manquent, aux nez brisés, à toute la scénographie nécrologique de l’Appia Antica, voire en général aux musées archéologiques. Des fragments épars, des lambeaux qui resurgissent de ce qui pouvait bien être tenu aussi pour un songe, en grande partie remué et oublié. Non point une époque historique, qu’il est possible de reconstituer philologiquement d’après les documents, qui est attestée de manière positive, mais une grande galaxie onirique, plongée dans l’obscurité, au milieu de l’étincellement d’éclats flottants qui sont parvenus jusqu’à nous. Je crois que j’ai été séduit par la possibilité de reconstruire ce rêve, sa transparence énigmatique, sa clarté indéchiffrable. […] Le monde antique, me disais-je, n’a jamais existé, mais, indubitablement, nous l’avons rêvé. » – Fellini
« Le Satyricon » est sans doute l’oeuvre la plus mégalomane du réalisateur, avec « Il Casanova di Federico Fellini ». Les décors sont tout aussi excessifs que le film. Le spectateur reste coi devant les esclaves qui traînent une gigantesque tête de marbre dans les rues de Rome, inspirée de la mort de Vitellus narrée par Suétone dans « Vie des douze Césars ». La scène du banquet, ou du lupanar, on ne saurait dire, accumule la nourriture, les bijoux, les voiles ou encore la fumée, dans un univers bariolé jusqu’à la déraison.
Le film est un kaléidoscope amoral pour penser notre monde. Notre modernité réelle s’oppose ici à l’antiquité rêvée, notre christianisme perdu au paganisme retrouvé. Aujourd’hui, la majorité du monde occidental a perdu la foi en Dieu, pour la même raison que le monde chrétien la possédait, c’est-à -dire, sans savoir pourquoi. Fellini présente un univers, tout comme le nôtre, dépourvu du Dieu chrétien, pour agir. Dès lors, l’humanité qui ne veut que la jouissance apparaît vaine. Pourtant, ne fallût-il pas un péché dans le jardin merveilleux pour offrir au Christ la possibilité de racheter l’humanité ? Toute décadence précède la renaissance; alors, fêtons.
Cycle « C’est la teuf! »
Infos pratiques :
Ouverture des portes du DOC et du bar à 18h45
Lancement du/des courts métrages à 19h
Lancement du long métrage entre 19h15 et 19h25
90 places dans la salle – Pas de réservations
Entrée au niveau du 26bis
Entrée libre.
DOC
26 rue du docteur Potain
75019 Paris